Musique, mémoire et citoyenneté

L'engagement du Chœur d'Hommes d'Anjou pour le Devoir de Mémoire

Invité par l’Amicale Nationale de Mauthausen à chanter en mai 2000 dans l’enceinte même du camp autrichien à l’occasion du 55ème anniversaire de la libération, le Chœur d’Hommes d’Anjou a tenu à s’engager pleinement dans le combat pour perpétuer le Devoir de Mémoire en prenant plusieurs initiatives variées :

Les murs d'enceinte du camp
Dans le ciel clair de mai 2000, enceinte, mirador et cheminées funestes de Mauthausen.

 

- Son CD « Petite Barque » contient trois œuvres célèbres de la Résistance et de la Déportation : Le Chant des Marais, le Chant des Partisans, le Chant d’espoir des bagnards de Mauthausen.

- Le Chœur d’Hommes d’Anjou a spécialement écrit et composé pour ce déplacement en Autriche une pièce originale intitulée « Cantate pour Mauthausen. »

 

Le soutien de l'Amicale Nationale de Mauthausen

Nous avons noué avec ce groupe un véritable partenariat, ils transmettent par leur musique, à un large public, des valeurs essentielles de citoyenneté. Ils œuvrent autour de chants de Mémoire, harmonisés par leurs soins. Nous avons souhaité que ce soient eux qui entourent les déportés pour cette circonstance unique. Cette formation de notre région a assuré gracieusement, à notre demande, l'harmonisation du Chant des Bagnards de Mauthausen (...) ainsi que Le Chant des Marais et Le Chant des Partisans. On ne peut pas dire que cette musique soit particulièrement commerciale ; elle n'est pas facile et pourtant le Chœur inscrit régulièrement ces trois pièces graves au programme de ses concerts... Ils deviennent ainsi des vecteurs particulièrement efficaces pour la transmission des idées de tolérance et de paix, touchant un public sans cesse plus large par une forme d'art authentique car populaire. 

Michelle ROUSSEAU-RAMBAUD 

Présidente de l'Amicale Nationale des Déportés de Mauthausen

La Cantate pour Mauthausen

Pour répondre à l'invitation de l'Amicale Nationale de Mauthausen, le Chœur d'Hommes d'Anjou a tenu à écrire et mettre en musique son propre message. Nés d'un large échange de vue au sein de la Commission Artistique, ces mots sur le thème de "la Bête immonde" de Brecht, ont été adoptés par le groupe entier et chantés par lui à Mauthausen pour la première fois le samedi 6 mai 2000. Gloire et victoire de ceux que la barbarie n'a pu tuer. On ne tue pas l'esprit... Mais attention, il faut faire oeuvre de mémoire, d'autant que "la bête revient"... Pas de naïveté, mais LUCIDITE et ENGAGEMENT.

 

Le Jour de mai levant...

Vos grands yeux effarés au jour de mai levant

S'abreuvent des clartés du matin prometteur.

Maintenant vos bourreaux ont cessé leurs clameurs;

La lumière a figé tous leurs rires aux yeux clairs

Et réchauffe soudain vos oripeaux, vos chairs,

Vos grands yeux effarés au jour de mai levant.

 

Ancien bagnard en tenue de déporté

Peuple rayé,

Peuple de fantômes

Vos rayures aujourd'hui ont les traits de la gloire !

Les 186 marches du grand escalier blanc

Vous avez triomphé de l'immonde carrière, 

Vous êtes revenus de de ce gouffre sans fond

L'échine disloquée, les yeux creusés profonds.

Vous avez remonté le grand escalier blanc

Quittant ces temps de fer et ces matins tremblants,

Vous avez triomphé de l'immonde carrière.

Peuple de sous-hommes,

Peuple de bagnards,

Ce trou assourdissant bruit de votre victoire !

Vos frères abattus, disparus sans linceul,

De France ou de Russie, d'Espagne ou de Judée

Se dressent avec vous, innombrables, guidés

Par les seuils éclairés déchirant le ciel noir.

Votre vibrant cortège emporte dans la gloire

Vos frères abattus, disparus sans linceul.

Memorial juif

Peuple de vainqueurs,

Peuple sans drapeau, 

Nul ne peut tuer l'espoir et l'esprit sous la peau.

 

La bête revient...

 

Je ne vois plus vos noms sur les pages des livres

Et le lierre étouffe les pierres de vos ruines.

Les foules effacent la mémoire du crime

Car le froid souvenir les empêche de vivre.

 

Postons des guetteurs, 

Alertons les témoins,

Montons sur les hauteurs

Pour éclairer demain !

 

J'entends les bruits sourds de maraude

Et rouler les tambours ;

Et la peur me taraude 

A la tombée du jour.

 

Postons des guetteurs, 

Alertons les témoins,

Montons sur les hauteurs

Pour éclairer demain !

 

Je dis la saison revenue

De la fin des marelles,

Et des cloches fêlées,

Des paroles gelées,

Des affreuses nouvelles

Et des voix inconnues.

 

Postons des guetteurs, 

Alertons les témoins,

Montons sur les hauteurs

Pour éclairer demain !

 

Phares de notre bout du monde,

Eclairez les marais,

Balayez les forêts

Pour débusquer LA BETE IMMONDE !

 

(novembre 1999 - février 2000)

Paroles : Gérard Boussion, Président du Choeur d'Hommes d'Anjou

Musique : Thierry Dechaume - Arrangements : Jean-Jo Roux (2002)

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